Comment voyez-vous évoluer le débat sur les communautés énergétiques à l’échelle locale et nationale ?

Au cours des dernières années, le Luxembourg a intégré une nouvelle législation sur les communautés énergétiques. Le cadre national luxembourgeois en matière d’énergies renouvelables et les acteurs nationaux tels que la Klima-Agence considèrent de plus en plus les communautés énergétiques comme un instrument reconnu. Cela signifie que les règles politiques et commerciales passent du stade conceptuel au stade opérationnel, ce qui ouvre de réelles possibilités mais soulève également des questions (par exemple, le comptage, l’intégration au réseau, la facturation, la gouvernance).

En ce qui concerne la Ville de Differdange, le débat est passé d’un intérêt général à une action concrète centrée sur les citoyens. Nous avons organisé des événements participatifs et des ateliers (notamment des sessions DECAFF en présentiel et des webinaires) au cours desquels les voisins ont co-créé des communautés énergétiques « virtuelles » et testé l’application DECAFF, faisant passer la conversation de la question « qu’est-ce que c’est ? » à « comment en créer une et mesurer son impact ? ».

Selon vous, comment le projet DECAFF a-t-il contribué à renforcer le débat et à encourager les initiatives sur les communautés énergétiques ?

DECAFF a joué un rôle de passerelle pratique en regroupant apprentissage, simulations et une simple application, permettant ainsi aux citoyens d’expérimenter le concept relativement nouveau des communautés énergétiques avant de réaliser des investissements ou d’entreprendre des démarches juridiques complexes.

Les événements locaux et les webinaires organisés dans le cadre du projet ont réuni des résidents, des employés municipaux et des experts externes, rendant le sujet plus concret et facilitant le lancement de nouvelles initiatives.

Avez-vous remarqué des changements dans la perception et l’intérêt des citoyens ?

Oui. La couverture médiatique et la participation locale témoignent d’une curiosité et d’un engagement croissants : les habitants s’informent désormais sur les modèles concrets (coopératives, a.s.b.l.), sur la manière de rejoindre/partager la production solaire et sur l’accès aux outils et au financement. Le ton est passé d’un intérêt passif à une volonté de former des groupes et de tester les outils DECAFF dans leurs quartiers.

Les ateliers locaux organisés dans le cadre du projet NetZeroCities témoignent également d’une prise de conscience croissante des liens entre les différents sujets (énergie + déchets + mobilité). Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour que les communautés énergétiques se généralisent.

Quelle plus-value le projet DECAFF a-t-il apporté à la municipalité (savoir-faire et outils) ?

Les avantages concrets pour la Ville sont les suivants :

• des formats d’engagement prêts à l’emploi (conception d’ateliers, webinaires) et une base de données factuelles sur les motivations des habitants.
• un outil numérique (application DECAFF/simulations) pour présenter des scénarios d’autoconsommation collective et de changement de comportement.
• l’intégration des communautés énergétiques dans nos engagements NetZeroCities par le biais du Climate City Contract.
• l’échange de bonnes pratiques avec des exemples provenant de toute l’Union européenne.

Quel rôle la Ville peut-elle jouer pour soutenir la création et la diffusion des communautés énergétiques ?

Nous voyons plusieurs rôles complémentaires pour les municipalités :

• Promotion : organiser des ateliers, aider les habitants à se rencontrer, organiser des événements de rencontre (les événements DECAFF peuvent servir de modèle).
• Information : fournir des modèles de statuts, des conseils techniques simples et des indications sur les ressources de Klima-Agence afin que les groupes de citoyens puissent choisir des formes juridiques viables et comprendre les contraintes techniques.
• Catalyseur : réduire les risques des premiers projets pilotes (offrir des espaces sur les toits des bâtiments municipaux, octroyer de petites subventions ou s’associer à des essais de financement participatif / prêt participatif) afin que les projets atteignent une échelle démontrable.
• Liaison réglementaire : servir d’interlocuteur local auprès des régulateurs nationaux et des opérateurs de réseaux de distribution afin de clarifier les procédures de comptage, de facturation et de raccordement au réseau.
• Reproduction : documenter les leçons apprises, partager les modèles opérationnels avec NetZeroCities / les villes partenaires et avec d’autres municipalités luxembourgeoises, afin que les bonnes pratiques se diffusent plus rapidement.